Qui est Antoine Vitez?

Antoine Vitez, une vie, un rêve

Le metteur en scène, c’est le comble du traducteur

Né à Paris en 1930, mort en 1990, Antoine Vitez fut un metteur en scène et un traducteur français. Il se distingue dans un premier temps par un travail théâtral inspiré par les données de l’écriture contemporaine ; la rupture, le montage et l’association d’idées. Il se trouve à l’origine de la réhabilitation des classiques comme œuvres éloignées, archaïques, mythologiques. Il travaille sur la gamme de tous les types de spectacle, du théâtre de marionnettes à l’Opéra. Son activité pédagogique a marqué plusieurs générations d’acteurs.Il se forme auprès de Louis Aragon, dont il sera le secrétaire (1960-1962) et suit les cours de théâtre de Tania Balachova. Outre ses débuts de traducteur du russe et du grec, Vitez collabore à la revue Bref, publiée par Jean Vilar au TNP et, ensuite, à la revue Théâtre Populaire. Il fait aussi des lectures à la radio et des doublages au cinéma. Il fait tardivement ses débuts de metteur en scène, à trente-six ans, avec Electre (1966) de Sophocle à la maison de la culture de Caen.

Antoine Vitez
Dans les lieux non théâtraux assez souvent ou dans les salles disponibles avec des éléments sans aucune fonction descriptive, Antoine Vitez déploie une esthétique de l’association d’idées et de la liberté ludique. Il met en scène une pensée sur la pièce plus que la réalité immédiate de la pièce. Son goût va alors vers l’éclatement et la disparate.
Pédagogue né, Vitez commence à donner des cours dans l’école de mime et de théâtre de Jacques Lecoq (1966-1970) pour continuer ensuite au Conservatoire National d’Art Dramatique (1968-1981). Il y développe un véritable système pédagogique personnel qui déstabilise les habitudes anciennes de la grande école de théâtre. Il développe surtout le principe des exercices et des variations de jeu à partir des textes. Ce sont eux qui servent le plus souvent de point de départ pour des improvisations.
En même temps, il s’applique à restaurer la diction de l’alexandrin dans sa dimension formelle où la musique prend une place importante. Il veut écarter les dangers de la diction dite «naturelle » et défend le vers en tant que convention poétique. Dans les théâtres qu’il dirige, que ce soit le théâtre des Quartiers d’Ivry ou le Théâtre National de Chaillot, Vitez ouvre chaque fois une école car elle est, dit-il, ‘le plus beau théâtre du monde’.

Antoine Vitez
Vitez a mis en scène des opéras, traduit des pièces, dirigés des revues. Il reste pour la France le metteur en scène le plus sensible à l’écrit et à la langue. De 1988 à 1990, il a été administrateur de la Comédie Française où sa dernière mise en scène, avant de s’éteindre, sera La Vie de Galilée de Brecht en 1990.
Il laissera un style, un rêve pour de nombreux comédiens et metteurs en scène, chacun reprenant sa grande politique : l’élitisme pour tous.